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Déficit hydrique : Des barrages aux champs

Déficit hydrique : Des barrages aux champs

Les cieux du Maroc ont un peu joué leur partition ces dernières semaines, laissant tomber de précieuses gouttes de pluie qui ont arrosé d’espoir les agriculteurs, confrontés ces 6 dernières années à une météorologie capricieuse, très avare en précipitations.

Selon les chiffres rendus publics mardi au Parlement par le ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural, et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki, la pluviométrie a ainsi atteint 224 millimètres jusqu'en avril, soit une augmentation de 9% par rapport à l'année précédente. Cependant, la comparaison avec une année agricole normale, une moyenne établie sur trois décennies, révèle une réalité moins radieuse : malgré cette amélioration, le Maroc demeure en deçà de la moyenne historique, avec un déficit de 27%.

Ce déséquilibre pluviométrique n'est pas sans conséquences, en particulier pour le secteur agricole, pilier de l’économie et principal driver de la croissance économique. Les réserves des barrages, si cruciales pour l'irrigation et la gestion des cultures, s'établissent à 31% contre 32% l'année dernière, marquant un léger recul pour atteindre environ 4,3 milliards de mètres cubes. Cette situation impacte considérablement les grands périmètres irrigués, poumon vert de la production agricole, qui voient donc leur capacité réduite, ne s’accaparant que de 680 millions de m3 pour la saison agricole en cours, dont 300 millions de m3 ont été utilisés depuis le début de l'année.

De fait, la surface irrigable dans ces grands périmètres ne dépasse pas 400.000 hectares (ha) sur un total de 800.000 ha, soit une réduction drastique de 44%. Ces chiffres révèlent une réalité sans fard : une baisse significative de 31% de la superficie emblavée en cultures d'automne et d'hiver, notamment les céréales d'automne, et une réduction de surface de 42% pour les cultures sucrières, à cause de l'indisponibilité de l'irrigation dans les régions de Doukkala et Tadla. Dans ce contexte délicat de stress hydrique, le gouvernement déploie des mesures sans précédent pour soutenir le secteur agricole.

La subvention des prix, un rempart contre l'envolée des coûts de production, a été renforcée, notamment pour les semences, les engrais et les aliments pour animaux. Cette politique proactive, en phase avec les directives royales, vise à atténuer les effets du déficit hydrique et à garantir la pérennité du secteur agricole. Les chiffres témoignent également de l'impact concret de ces mesures : une enveloppe financière de 2,2 milliards de dirhams allouée aux engrais azotés, une distribution massive de semences subventionnées (672.000 quintaux), avec quelque 18.000 producteurs bénéficiant de ces aides.

Cette main tendue aux acteurs de la terre n’est cependant guère ponctuelle. Car dans ce contexte de déficit hydrique structurel auquel fait face le Maroc, l'agriculture restera prise dans un cycle perpétuel de dépendance aux secours. Une récurrence qui soulève des questions plus profondes sur le modèle agricole actuel. En effet, l'aide gouvernementale, si cruciale soit-elle, ne peut être qu'un pansement sur une blessure béante si les problèmes sousjacents ne sont pas adressés. La gestion de l'eau, l'adoption de pratiques agricoles durables et la diversification des sources de revenus agricoles sont autant de défis qui nécessitent une attention soutenue et une vision à long terme. 

 

 

Par D. William

 

 

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